Mettre son enfant dans une école Montessori, c’est aussi comprendre le métier d’enseignant.e Montessori, ses joies procurées au contact des enfants dans un tel environnement propice aux apprentissages, et également ses difficultés liées à la profession.
Nous souhaitons consacrer cet article sur les personnes qui choisissent le métier d’éducateur.rice Montessori.
Le métier d'enseignant Montessori : un environnement gratifiant
Commençons par les éléments profondément gratifiant pour les éducateurs.rices lorsqu’ils.elles ont choisi de s’orienter vers une approche Montessori à leur métier d’enseignant.
+ Le partage des mêmes valeurs humaines dans un cadre professionnel. Un tel choix de vie professionnelle permet de se retrouver plus facilement avec des intervenants qui partagent les mêmes valeurs. Ce sont d’ailleurs ces valeurs-ci qu’ils souhaitent transmettre aux enfants au quotidien. Les relations entre adultes de l’école sont souvent facilitées, et il existe une cohérence et une continuité entre les différents intervenants auprès des enfants.
+ L’autonomie dans la prise de décision et la proximité avec l’enfant. L’éducateur.rice Montessori (tout comme l’enfant) est encouragé à prendre des décisions sur ses enseignements. Chaque adulte se retrouve quotidiennement émerveillé lorsqu’il constate qu’un enfant s’est approprié un savoir, qu’il a su donner sens à ce qui lui est enseigné, ou qu’il a réussi à se fixer des projets et objectifs, même s’il n’arrive pas encore à les atteindre.
+ La prise en considération de ses émotions valorisée. Parce que la meilleure façon d’inculquer des apprentissages reste de se l’approprier, l’éducateur.rice Montessori a la possibilité de s’accorder des temps de régulation émotionnelle et d’espace d’échanges avec ses pairs à hauteur de 4h par semaine. En se sentant valorisé, il a la capacité de transmettre cette écoute de soi en classe auprès des élèves.
+ La combinaison possible entre vie professionnelle et vie personnelle. Être enseignant c’est aussi avoir un rythme qui correspond à la scolarité de ses propres enfants. Même si le choix de ce métier se fait souvent sans cette prise de conscience, il est souvent constaté à la naissance de son premier enfant que le rythme du métier d’enseignant apporte un confort et une présence importante pour l’éducation de ses propres enfants.
Les difficultés liées au métier d’enseignant Montessori
Cette satisfaction profonde s’accompagne souvent par des difficultés liées au métier d’enseignant. Depuis le COVID, nous écoutons nos pairs, directeurs et enseignants, et constatons une recrudescence de situations où l’enseignant se retrouve en proie au stress, à des violences internes, et/ou externes, qui ne lui permettent plus de s’épanouir pleinement, et ainsi de transmettre auprès des enfants sereinement.
De façon complètement contradictoire, il est exigé à l’enseignant un comportement exemplaire qu’il doit tenir en permanence, pendant toute la journée, tous les jours de l’année, quelle que soit sa situation personnelle à la maison. Cependant, au quotidien, force est de constater que seul un être humain peut s’accommoder aux besoins de l’enfant, avec son lot d’écoute, de tendresse, de défaillance, de persévérance.
Ainsi, il nous est important de veiller à ce que l’environnement des enseignants soit maintenu dans des conditions favorables à son émancipation. Après tout, n’est-ce pas nos enfants les premiers à en bénéficier ?
Nous listons dans cet article en outre les différents éléments sources de stress ou de violence dont nos éducateurs.rices font face au cours de leur enseignement.
– Les difficultés liées aux attentes des parents : pression par rapport aux résultats scolaires, incompréhension de la pédagogie Montessori, esprit individualiste en conflit avec le bien de la communauté que forme la classe…
– Les difficultés liées aux exigences de l’Éducation Nationale, au droit du travail et à la sécurité : conflit entre les obligations édictées par l’Éducation Nationale et les capacités de l’enfant (surcharge de travail, exhaustivité des apprentissages qui les rendent complexes, intensité des exigences), inadaptation des horaires de classe aux rythmes biologiques de l’enfant, variation des emplois du temps (absences des enseignants)…
– Les difficultés liées au manque de communication et de relation entre les différentes parties de la communauté éducative autour de l’enfant : manque de confiance entre les familles et l’école, relation enseignant-parent parfois conflictuelle pouvant conduire à du harcèlement, absence de reconnaissance du métier et de valorisation de l’éducateur.rice…
– Les difficultés liées à l’environnement scolaire : problème d’ergonomie des chaises pour adulte en classe, exposition aux maladies infantiles plus fréquentes, exposition à des problèmes d’hygiène en lien avec l’apprentissage de l’autonomie aux toilettes, nuisance physiques (bruit constant, sollicitation ininterrompue, impossibilité d’isolement pour se ressourcer pendant les temps d’enseignements)…
Des pistes d'amélioration à la portée de tous
Tous ces facteurs engendrent des situations de stress pour l’éducateur.rice, qui doit adapter son organisme face à ces situations inhabituelles. Évidemment, chaque profession vient avec son lot de désagrément. Seulement, dans le cadre de l’enseignement, ce sont nos enfants les premiers impactés. Et il existe de nombreuses pistes à la portée de tous afin de prévenir ces difficultés. En tant que parents, vous pouvez contribuer et :
1. Participer aux actions d’information et de concertation entre l’école et les parents : comprendre l’environnement scolaire de l’enfant, définir (ou redéfinir) le rôle de l’école, de l’éducateur.rice, et celui de parents…
2. Suivre la communication, les événements et les actions à destination de l’enfant : les sorties, les vêtements, les repas/gouters, et toute autre activité mise en place par l’école pour l’enfant, ateliers sur la musique, sur la gestion de ses émotions, lectures à effectuer le soir et pendant les vacances…
Coté direction, nous constatons qu’il est primordial d’assurer un suivi tout au long de l’année, et de se concentrer sur :
1. La communication auprès des enfants (Discipline Positive, Communication Non Violente, approche empathique de l’enfant d’Isabelle Filiozat…) pour leur permettre d’apprendre les mots et les comportements qui valorisent, encouragent et permettent à l’enfant de se sentir respecté et reconnu.
2. La posture de l’éducateur.rice et la gestion de ses émotions, en valorisant leur confiance en eux, la sérénité face à la nouveauté et le contrôle de leur propre subjectivité.
Nous constatons au quotidien l’évolution incroyable des enfants qui est une profonde source de joie et de satisfaction incommensurable pour l’éducateur.rice Montessori.
Afin de préserver ce métier ainsi que ces hommes et ces femmes qui transmettent leur savoir à nos enfants, il est de notre responsabilité à tous de les accompagner avec bienveillance et encouragement. N’est-ce pas d’ailleurs ce sentiment de bien-être que nous recherchons tous dans l’exercice de nos fonctions ?